Le Tango se danse à deux

J'étais à l'île d'Orléans et discutais avec Jérôme Plante, producteur de fraises. La récolte est bonne. Elle est arrivée presque simultanément avec celle de la région de Montréal. Il y a abondance de fraises partout au Québec et en Ontario. Abondance de petits fruits et de légumes. Bravo! Bravo aussi aux différentes campagnes publicitaires qui encouragent l'achat des produits locaux. Bravo à nos grandes chaînes alimentaires dont le marketing est axé sur la disponibilité des produits locaux en magasin, dont les propriétaires sont amis avec les producteurs, dont les concours s'appellent "Cuisinez le Québec"' et qui sont fiers de leurs slogans comme "on pousse les fruits et légumes d'ici".
Alors pourquoi ces mêmes entreprises, pendant la période dite d'abondance, achètent-ils des produits provenant des États-Unis? Chez l’un de ces grands supporteurs de produits locaux, l’autre jour, aucune fraise du Québec, seulement celles de Californie. C'est Jérôme qui serait furieux et tous les Jérôme du Québec qui eux font vraiment "pousser les fruits et légumes du Québec", et qui ont peine à les vendre dû à la surabondance. C'est tout simplement honteux, hypocrite et inacceptable. ET nous, les consommateurs, on les achètent! On dit aimer les producteurs, les produits locaux, l'agrotourisme, l'environnement, cuisiner avec des produits fais...On dit vouloir supporter l’agriculture locale…Si c'était le cas, ces chaînes alimentaires n'achèteraient pas les produits importés durant notre saison de production et les fraises, les radis, les échalotes, brocolis et le reste de nos Jérôme seraient les rois de la tablette! L'offre et la demande. Voilà tout.

It takes two to tango!

(Les photos ont été prises à Montréal le 28 juin 2010)

L'Île d'Orléans, LE VRAI marché!

J’avais comme objectif en allant à l’île d’Orléans de me rendre au Marché du Vieux Port. Mais ni ma tête, ni mon cœur ne voulaient repartir de l’île, alors j’y suis restée. La fête de la Saint-Jean Baptiste lance officiellement la saison de l’agrotourisme, la visite des galeries d’arts, du tour de l’île à vélo et du flânage sur le bord du fleuve pour regarder le paysage à couper le souffle. Chantal Nolin de la Ferme Guillaume Létourneau a du nouveau cette année : des tartes! Oui madame! J’ai goûté à la tarte au sucre d’érable…elle est meilleure que celle de ma mère (excuse-moi maman). Le beau Jacques Paradis (droit comme une barre avec ses 68 ans) est prêt pour la saison. Chez lui, au Domaine Orléans, c’est le cidre qui est à l’honneur. Je suis ensuite allée voir Léonce Plante (mon préféré et le plus jeune des producteurs). C’est lui qui nous attend dans son kiosque avec son humour, sa grande gentillesse et ses fraises, bien sûr. J’ai lunché à La Boulange : j’ai choisi la pizza au fromage de chèvre. Les nouveaux propriétaires P.A. Lemay et son épouse Sandrine, épaulés par leurs enfants, donnent un souffle nouveau à cette entreprise bien connue de l’île. Le fromager, les viticulteurs, les maraîchers, le chocolatier, enfin tous attendent les touristes avec impatience pour leur montrer leur savoir-faire. Je suis plus attirée vers la nourriture que l’art mais Le Jardins des Arts est tout simplement irrésistible avec ses artisans locaux. C’est un incontournable. Dans ce grand marché qu’est l’île d’Orléans, nous savons que ce que nous achetons provient des producteurs. L’autre jour au marché Jean-Talon à Montréal, il y avait de très belles tomates avec une affiche « Tomates de serres du Québec » et quand j’ai lavé mes tomates, j’ai enlevé l’étiquette « produit du Mexique »…..J’étais sans connaissance. Les marchés publics c’est bien mais quand on peut acheter directement du producteur, c’est bien mieux.

Le Marché Atwater

Le marché Atwater

Il a explosé en quelques semaines. Enfin fini le Provigo pour les achats de fruits et légumes! Fini les légumes en plastique qui ont voyagé des milliers de kilomètres. Nos producteurs sont de retour au grand plaisir des Montréalais. Tout a commencé avec les têtes de violons, les asperges et ensuite les fraises, les radis, la laitue, les échalotes, alouette! C’est l’abondance. On ne sait plus ou donner de la tête. Même le camelot de L’itinérant est posté bien droit et bien discret dans l’allée devant les producteurs pour vendre son magazine. Les cyclistes abondent avec leur sac à dos pour faire leur provision de viande, fromage, pain et poisson. Une succursale de la SAQ y est installée et vend uniquement des produits locaux. On placote avec les producteurs, on échange nos recettes avec les autres clients, on achète des fleurs et on regarde l’heure…Je dois quitter mais certainement pas avant d’avoir dégusté ma bière d’épinette Marco au goût d’antan! Elle est divine. Il y a un mélange de fébrilité urbaine et rurale que j’adore au marché. Les deux se complètent à merveille! Les marchés publics ont tous leurs personnalités. Le marché Atwater, lui, campé au centre-ville de Montréal accueille les citadins. Un peu snob, un peu cher, tiré à quatre épingles et multiethnique. On est loin du Marché du Vieux Port de Québec. J’y ferai un saut la semaine prochaine en allant sur mon île adorée : l’île d’Orléans.